Ouzbékistan

Samarcande # 8 (atelier de tapis)

Pour conclure ce voyage en Ouzbekistan sur une note artisanale tout à fait représentative de la route de la soie, nous vous emmenons visiter un atelier de fabrication de tapis.

Dans ce pays, nous avons eu beaucoup de difficulté pour trouver les endroits où les artisans travaillent réellement. En effet, dans les lieux touristiques, la plupart du temps le travail présenté ne sert qu’à attirer le chaland. Les ateliers d’artisans ne sont répertoriés nulle part et se trouvent souvent dans les villes nouvelles, qui ne présentent aucun charme. A Samarcande, nous avons eu suffisamment de temps pour consacrer une demi-journée à l’atelier de tapis complètement excentré de la ville ancienne. C’est grâce à notre contact local que nous avons pu avoir l’adresse de cet endroit. Le patron était d’ailleurs très étonné de voir deux touristes esseulés arriver chez lui ! Il a l’habitude de voir des groupes amenés par des guides qui, bien entendu, touchent leur commission au passage, ce qui explique en partie les tarifs délirants pratiqués sur place. Ceci dit, la marchandise proposée à la vente était de très belle qualité car sélectionnée pour des touristes fortunés. Nous avons d’ailleurs commencé par la boutique de vêtements (qui ne sont pas brodés ici) le temps qu’un groupe accompagné de son guide sorte de l’atelier.

Le travail de broderie sur les vêtements est toujours spectaculaire !

Bien entendu, c’est principalement la soie qui est utilisée pour la broderie.

L’atelier a retrouvé son calme ; nous allons pouvoir débuter la visite.

Vous avez pu constater que nous sommes dans un atelier qui fabrique des tapis noués à la main. C’est la méthode de fabrication la plus longue et la plus laborieuse. Une noueuse exécute environ dix mille nœuds par jour. Il existe bien sûr plusieurs nœuds de trames différents. Un nœud peut entourer un, deux ou quatre fils de chaîne.

Sur le cliché ci-dessous, vous pouvez voir les fils verticaux appelés fils de chaîne, souvent en coton, et la trame horizontale du tapis composée par les nœuds faits avec les fils de soie.

La qualité du tapis est déterminée par le nombre de nœuds au m2 ; la soie permet un tissage plus fin avec un nombre de nœuds important.

Les tapis aux motifs géométriques sont ceux qui ont la densité de nœuds la plus faible.

Puis viennent les tapis aux motifs qui commencent à s’arrondir.

L’épaisseur finale du tapis intervient également sur la qualité ; seuls les tisseurs les plus expérimentés sont capables de réaliser des tapis très fins (entre 3 et 5 mm d’épaisseur). Un tapis de qualité permet une lecture non pixélisée des motifs, surtout ceux de formes arrondies.

L’extrémité des nœuds est coupée après quelques rangées horizontales effectuées.

Une égalisation de la totalité du tapis sera effectuée après la dépose du tapis du métier à tisser. Différentes étapes finales vont permettre de révéler les motifs dans toute leur splendeur. En effet, l’apparence en cours de fabrication semble toujours très grossière. La première de ces étapes va consister à nouer les franges à l’extrémité des fils de chaîne afin de bloquer les nœuds qui constituent les fils de trame du tapis.

Les tapis fabriqués par les nomades et ceux qui possèdent les motifs les plus simples sont noués de mémoire. A l’inverse, les tapis aux motifs complexes nécessitent un tutoriel papier pour obtenir un rendu fidèle au dessin d’origine du tapis.

Le nombre de couleurs présentes dans un tapis peut être impressionnant, notamment sur la vidéo ci-dessous.

D’anciens tapis peuvent être refabriqués de nos jours.

Vous pouvez voir sur le cliché ci-dessous les quelques outils utilisés par les noueuses.

Avant de quitter cet atelier à l’atmosphère concentrée, nous passerons par la boutique principale qui vend les tapis fabriqués ici et ailleurs.

Vous constaterez que ce ne sont ni les motifs ni la marchandise qui manquent !!!

Nous aurons un coup de cœur pour un magnifique tapis à tendance bleue qui, heureusement, n’irait pas du tout dans notre intérieur !

« Heureusement » car compte tenu de son prix, nous aurions eu beaucoup de regrets à ne pas pouvoir l’acheter. En effet, souvenez-vous que les tapis noués sont ceux qui demandent le plus de temps à être réalisés et le temps c’est de l’argent, partout sur la planète. Il a fallu pas moins de trois ans pour confectionner ce tapis qui mesure 2m x 2m ce qui explique son tarif (sûrement négociable, nous sommes chez un marchand de tapis ne l’oublions pas !) de………… 16 000 $ US. Nous ramènerons donc uniquement quelques clichés en gros plan de ce coup de cœur.

22 commentaires sur “Samarcande # 8 (atelier de tapis)

  1. Coucou Cath,

    Merci pour ce superbe reportage…la fabrication des tapis n’a (presque) plus de secret pour moi !

    Avec les vidéos on comprend aisément le travail colossal des tisseuses …

    Belle journée

    Domi

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  2. Quel travail pour toutes ces tisseuses, mais quels résultats splendides !! je comprends que vous ayez eu un gros coup de cœur pour ce superbe tapis bleu, une merveille… hors de portée de la plupart des bourses…

    J’aime moins l’idée que ateliers soient essentiellement visités en groupes de touristes, ça ressemble à de la vente forcée, heureusement que vous avez pu y échapper, et faire une visite beaucoup plus authentique.

    Merci pour ce reportage détaillé et très intéressant.

    Bises

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  3. ils sont splendides, moi aussi ma préférence va au bleu,c’est ma couleur préférée. En plus il irait bien chez moi!!!! Belle journée. Bises.Sophie G

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  4. Quel travail, quelle dextérité, quelle patience pour voir le motif se dessiner. Combien d’heures d’apprentissage pour arriver à cette maîtrise ?

    . Voila un art dont je n’avais pas vraiment idée. Grâce à votre reportage, j’en sais beaucoup plus et je suis éblouie encore une fois par tant de savoir faire.

    Je crois comprendre que nous allons quitter l’Ouzbekistan, non sans regrets tant ce voyage fut envoûtant. J’imagine qu’il en fut de même pour vous…

    Merci merci merci pour cet exceptionnel voyage que vous nous avez offerts, au prix de longues heures de travail sans aucun doute.

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  5. Epoustouflant ce documentaire ! Quelle dextérité pour ces femmes ! Le tapis bleu est effectivement superbe, c’est une véritable oeuvre d’art. Merci de nous avoir fait des gros plans. C’est fantastique. Merci pour ce long reportage. Bon week end

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  6. Merci beaucoup Cath, pour ce partage depuis plusieurs semaines de votre magnifique voyage, si riche, si diversifié. Je salue tout le travail de documentaliste, de photographe, de redaction, vous savez rendre vos recits vivants, susciter-et garder- notre intérêt comme personne ! Dans cette vie ou une autre, on gagnerait beaucoup à vous voir ouvrir une agence de voyage, on serait surs de vivre des experiences inedites, en immersion totale dans chaque pays !! Bravo. Bon retour dans tes montagnes . J’espère que vous en avez pris plein les yeux et le coeur. Bises

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  7. Merci pour ces magnifiques reportages, quelle patience et quelle dextérité ont ces noueuses. J’espère que leur talent est bien récompensé. Le prix de vente qui se justifie mais n’est pas à la portée de toutes les bourses est peut-être un frein à la rentabilité de l’entreprise ??? Bon retour.

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  8. Patience, dextérité et minutie pour toutes ces artisanes ! Est ce seulement les femmes qui tissent les tapis ? Par contre, il faut avoir un portefeuille bien garni pour s’offrir une de ces pièces…

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  9. Et bien nous finissons « notre » voyage en OUZBEKISTAN de la plus belle des façons ! Je suis admirative devant le travail de ces femmes… leur dextérité bien sûr avec une technique répétitive mais surtout de la façon dont elles « lisent » leur tuto ??? C’est incroyable et il faut le voir pour le croire !!! Merci encore pour tous ces reportages plus beaux et intéressants les uns que les autres… Maintenant place à la Tanzanie et à Zanzibar avec toujours du bleu !!! Bon retour !

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  10. Lorsque je vois ces femmes travailler on dirait des harpistes en plein concert. Sauf que là ce sont des heures, assises quasi au sol, à travailler encore et encore. Leur travail est d’une minutie, elles semblent faire cela sans difficulté et pourtant ça n’a rien de facile. Je me dis toujours que ces gestes répétitif des heures durant auront des répercutions sur leurs mains. Pas sur qu’elles puissent tisser jusqu’à l’âge de la retraite, enfin si retraite il y a…

    Avec vos vidéos on se rend bien compte du travail, de l’évolution et du résultat final. Je n’aurais jamais imaginé que ces fils étaient arasés de la sorte. Je ne comprenais pas bien mais vos vidéos, à M.Cath et toi, nous en apprennent beaucoup.

    Ah que je comprends que ce tapis, je dirais plutôt « tableau, bleu vous ai tenté, il est juste sublime !

    Plein de gros bisous et merci pour tous vos reportages

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  11. Quel savoir-faire ! Un travail de minutie et d’attention, l’erreur n’est pas permise à la réalisation des dessins.

    Merci pour tout ce partage, avec vos vidéos et vos photos explicatives ,vous nous emmenez avec vous en voyage.

    Merci Cath, merci MCath.

    Bisous, passe une belle journée.

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