Samarcande #7 (Mausolée Gour Emir)

Le mausolée Gour Emir faisait partie d’un complexe religieux qui abritait la famille de Tamerlan, le fameux conquérant ouzbèque qui reste dans l’histoire comme le seul de tous les conquérants à n’avoir jamais été vaincu.

La construction du complexe a été initiée en 1401 par le petit-fils préféré de Tamerlan, désigné comme son héritier. Il fit construire une medersa destinée à l’éducation des fils de familles nobles puis une khanakha pour abriter les derviches, qui faisait office de mosquée recouverte d’une coupole. En 1403, le petit fils de Tamerlan périt lors d’une campagne guerrière en Perse. Tamerlan fit alors bâtir le mausolée Gour Emir pour son petit fils.
Le complexe de l’époque est représenté sur la maquette ci-dessous. Au premier plan se trouve la khanakha/mosquée, à l’arrière la médersa et à droite le mausolée Gour Emir avec sa coupole bleue.

Une inscription au sommet du portail du complexe indique : « construit par le faible esclave Mohamed, fils de Mahmoud, d’Ispahan« .

Aujourd’hui, il ne reste que les fondations de la medersa et de la Khanakha. Seul le mausolée a traversé les siècles.

Le Gour Emir occupe une place importante dans l’architecture perse car il est le précurseur et le modèle des grandes sépultures mogholes comme le tombeau de Humayun à Delhi et le Taj Mahal à Agra.

La coupole du mausolée est la plus belle d’Asie Centrale. Tamerlan ayant jugé la coupole achevée trop petite, il la fit détruire et ordonna la construction d’une coupole plus grande qui fut réalisée en moins de deux semaines, les ouvriers travaillant jour et nuit ! Tamerlan venait deux fois par jour pour constater l’avancée des travaux.

La coupole mesure 12,5 mètres de haut et 15 mètres de diamètre ; son sommet culmine à 33 mètres. Les historiens la comparent à un bouton de tulipe.

Ses 64 nervures de briques émaillées forment un motif ininterrompu de losanges qui contrastent avec les tons turquoise de la mosaïque.

A la base du dôme extérieur, une inscription en écriture koufique, haute de trois mètres, indique que « Dieu est unique et Mahomet est son prophète ».

Au milieu du 18^ème siècle, le complexe perd son importance. La khanakha et la médersa tombent en ruine, ainsi que le mausolée. Le tableau ci-dessous date de 1870.

Les travaux de restauration commencent en 1924 et se terminent dans les années 90, à l’occasion du 660^ème anniversaire de la naissance de Tamerlan.

Tamerlan qui, selon les historiens, représenta la synthèse de la barbarie mongole et du fanatisme musulman, mourut en 1405. Sa tombe se trouve dans la crypte du mausolée au pied de celle de son maitre spirituel, un descendant du prophète Mahomet. Nous sommes à l’étage au-dessus de la crypte où figurent les pierres tombales de toute la famille de Tamerlan. La sienne se trouve au centre de la photo ci-dessous ; elle est en néphrite vert foncé. Cette dalle de 1,80 m de long a été ramenée de Mongolie par Oulougbeg pour son grand-père, en 1425.

L’intérieur du mausolée est majestueux, entièrement décoré de papier mâché couleur bleu et or car mélangé à de l’or fin. Pendant la restauration, les artisans ont reconstitué 2000 fragments en utilisant plus de 2,5 Kg d’or pur !

Des frises d’inscriptions coraniques couleur or soulignent le haut des murs et la base de la coupole. Elles sont représentées sur un fond bleu foncé qui symbolise la richesse.